Le Générateur est un lieu d’art et de performances indépendant situé aux portes de Paris, à Gentilly. Il a été co-fondé en 2006 par la chorégraphe Anne Dreyfus qui en est la directrice artistique et par le plasticien Bernard Bousquet.

Par son parti pris architectural brut et minimal, Le Générateur offre avec ses 600m2, un volume propice à tous les formats d’œuvres, aussi bien à des gestes éphémères qu’à des installations proliférantes. Il donne un champ libre unique aux expressions artistiques contemporaines les plus audacieuses, créant des frictions improbables entre disciplines, genres, publics et générations.

Sa programmation se veut généreuse, bouillonnante et inattendue : résidences de création, temps de recherche et de diffusion, scène ouverte à toutes les pratiques performatives, espace d’exposition modulable à l’infini. Ainsi, avec la complicité d’artistes de plus en plus nombreux, il répond à la nécessité de reformuler sans cesse le sens du mot « performance ».

Défricheur indéfectible , Le Générateur a initié en 2009 le festival [ frasq ], rencontre de la performance, qui fédère aujourd’hui plusieurs lieux d’arts franciliens, rassemblant une communauté d’artistes, de professionnels et de publics et témoignant du dynamisme de la performance aujourd’hui.

Depuis 2006, Le Générateur a accueilli plus de 900 artistes et de 250 résidences de création, a réalisé des partenariats avec une cinquantaine de festivals en musique, danse, arts numériques et est associé chaque année à l’événement Nuit Blanche/Paris.

Le Générateur est soutenu par le Conseil régional d’Île-de-France, la DRAC Île-de-France, le Conseil départemental du Val de Marne, la Métropole du Grand Paris, la ville de Gentilly.

Performance Sources est une réalisation du Générateur, premier lieu français dédié à la performance.
Depuis son ouverture, Le Générateur a rassemblé un fonds d’archives important, composé de plusieurs milliers de photographies, de vidéos et de documents. Ce fonds reflète un moment spécifique de l’histoire de la performance en France.

C’est sur la base de ces archives que la Fondation de France a apporté son soutien de 2019 à 2021 pour développer la base de données Performance Sources. Aujourd’hui ce projet a vocation de valoriser le fonds d’archives de performance du Générateur mais aussi celui d’un réseau croissant de lieux sensibles à la performance et à son histoire.

Performance Sources désigne un premier fonds d’archives, celui du Générateur. Depuis son inauguration en 2006, jusqu’à aujourd’hui, chacune des performances réalisée au Générateur a été documentée. Les vidéos ont été réalisées par des membres successifs de l’équipe du centre d’art, des artistes, des vidéastes associé·es. Les photographies, elles, ont toutes été réalisées par l’artiste et photographe Bernard Bousquet, dont on trouvera un entretien sur cette base de données ainsi qu’un texte de l’artiste David Noir lui étant consacré.

Aujourd’hui, ce fonds d’archives comprend environ 450 000 photographies, plus de 500 heures de vidéos, et 4m linéaires de documents imprimés, qui se trouvent dans les locaux du Générateur à Gentilly. Cet ensemble documentaire exceptionnel représente un corpus d’environ 500 œuvres produites par 350 artistes, renseignant une riche part de l’histoire actuelle de la performance en France.

De cet important ensemble documentaire, la base de données Performance Sources n’en présente qu’une sélection : environ 10 000 photographies et plusieurs centaines d’heures de vidéos. On trouve aussi en ligne une partie du corpus de documents graphiques produits par les artistes : partitions, protocoles, notes, dessins, textes.

Le fonds d’archives du Générateur est consultable sur place et sur rendez-vous, dans ses locaux. Chercheur·euse·s, artistes, et publics néophytes ou éclairé·es peuvent venir découvrir les oeuvres dans leur intégralité si il.elle.s le souhaitent.

La performance n’a pas pour vocation première de cultiver ses propres traces. Le plus souvent, elle choisit de les abandonner à l’instant qui s’efface et à la mémoire incertaine de qui l’a regardée, écoutée, parfois touchée.

Bernard Bousquet vient se placer à cet endroit du processus pour saisir au vol les impressions qui passent. En un geste parallèle, très proche, même à distance de l’événement qui se déroule, il tente au plus près d’en épouser les contours. Il le fait comme le peintre et plasticien qu’il est, sait appréhender et poser son regard sur la matière et ses matériaux. Sa mobilité est animale ; il plane, vole autour et au-dessus, prend du recul et brutalement s’approche. Il en perd le moins possible tout en sachant qu’une majeure partie de l’ensemble fatalement lui échappe et passe ailleurs, hors du cadre de l’instant. Il est alors comme celui qui tend ses paumes jointes sous l’eau qui s’écoule. Il en retiendra toujours assez pour boire, quitte à y revenir cent fois pour étancher sa soif. Il recueille ainsi en rafales, la quantité suffisante de captures qui d’emblée sont d’ores et déjà des images bien davantage que des témoignages du réel. Il en isolera certaines, comme un orpailleur à travers son tamis, puis les travaillera à sa convenance.

Car pour comprendre comment photographier la performance, il faut croire aux vertus du hasard et brasser large. Il ne s’agit pas d’un évènement sportif où tout se joue sur la ligne d’arrivée. L’inattendu y surgit en dépit des schémas de construction connus.

Bernard Bousquet a donc rapidement inventé sa méthode que l’on pourrait qualifier par l’association des termes « Voir » et « Agir ». Dès les premières années du Générateur, en commençant activement à photographier les artistes, il a ressenti la liberté que lui offraient, par une heureuse concomitance, la simplicité d’exécution du numérique et le vaste champ d’expérimentation de cet espace dépourvu d’obstacle.

Même si l’apport de ses images constitue le fond iconographique de Performance Sources, il serait erroné de considérer Bernard Bousquet comme un archiviste malgré lui. Fidèle à sa conviction d’artiste, il considère ses photos « comme des objets purs, autonomes, pas comme des supports d’information ». Au même titre que les performances qui en sont la matière, le travail photographique de Bernard Bousquet, loin de se cantonner à une fonction mémorielle, est en lui-même une performance à regarder dans son ensemble sur toute l’étendue du temps qu’elle couvre. À l’instar du Générateur, elle est un livre infini dont chaque instant vécu reste en suspens dans l’œil, au fond de la mémoire et ne disparaît parfois que partiellement sous l’effet du temps, par les effets d’une transparence aléatoire qui façonne d’étranges souvenirs.

Pour le public, la silhouette active de Bernard talonnant gestes, mouvements et postures dans l’ombre des performances s’inscrit ainsi naturellement dans la zone d’influence des œuvres qui simultanément opèrent.

David Noir, performeur, auteur, metteur en scène et artiste associé du Générateur janvier 2023.