Menés par Clélia Barbut, historienne de l’art, auprès de 30 artistes, ces entretiens fournissent des sources précieuses pour étudier les narrations plurielles et enchevêtrées qui participent à définir la performance aujourd’hui.
Parfois dénommées « archives des sentiments », les archives orales et audiovisuelles ont fait leur entrée récemment dans le champ de l’histoire de l’art, démontrant leurs vertus. Les entretiens avec les artistes, saisissant sur le vif des narrations affectives et incarnées, permettent en effet d’accéder à ce que les images et les textes ne disent pas, comme les anecdotes, les doutes, les trous de mémoire ou les émotions. Les souvenirs et les récits font alors office de tropes des œuvres, sinueux et précieux. Ces entretiens présentent un intérêt tout particulier car leur caractère subjectif et vivant ressemble à la matière même de la performance. Ils contiennent des connaissances sur les œuvres qui se détachent du temps de l’action, et de celui de la captation, produisant des sources complémentaires vis-à-vis des autres archives présentes sur la base de données, et rendent aux œuvres toute leur complexité.