Show your [ frasq ] est un moment collectif de performances présenté chaque trimestre depuis 2018. Une occasion pour un groupe d’une vingtaine d’artistes d’exprimer un besoin de faire jeux ensemble, une envie d’en découdre avec la notion d’auteur et d’artiste, comme avec les codes de la représentation. Les performeur·euse·s proposent le temps d’une soirée, une forme d’exposition vivante, un biotope singulier qui n’a ni dessein intelligent, ni chef d’orchestre. Le public est happé dans un chaos créateur fait de frictions et de complexités qui s’entrechoquent.
La particularité de Show your [ frasq ] tient également à la simplicité de ses modalités de production. Après une réunion trois semaines avant, les artistes se retrouvent le jour de l’événement dans l’espace du Générateur. Une fois le public présent, sans déroulé ni ordre de passage, les performeur·euse·s se lancent et proposent deux heures d’actions, de gestes, de textes et de poésie. Aucune thématique n’est imposée aux artistes, seules quelques contraintes spatiales et/ou temporelles bousculent la musicalité générale de l’événement qui s’invente au fur et à mesure collectivement.

Les notices qui suivent correspondent à un ordre de passage et une identification chronologique des performeur·euse·s.

Laurent Melon :
Pendant toute la durée de Show your [ frasq ], Laurent Melon diffuse sur un des murs du lieu plusieurs de ses scoopitones. Cette projection grand format d’images animées créées à partir de sa peinture et ses dessins, instaure un dialogue inattendu et riche avec les performances et les actions en cours.

David Noir:
Au fur et à mesure de la soirée, David se transforme un homme acariâtre, et douloureux. Badigeonné au durian et aux cheveux graissés d’huile d’olive, il hurle à qui veut l’entendre qu’il a des droits dans cette société aux cris de “pardon je passe”, “Vous n’avez pas le droit de m’empêcher de passer”, etc.

Sonia Codhant et Jean-François Rey, IMAGO :
Avec Imago, Danièle et Gilbert de la Qualité (duo scénique créé avec Jean-François Rey) se sont ouvert·e·s au format de la performance. Ces deux caricatures de spécialistes tout terrain couvrent habituellement un champ d’investigation assez vaste se déployant via un style qui s’inspire à la fois du couple des Balkany et de celui des Pinson-Charlot. Danièle endosse souvent un rôle de présentatrice interrogeant Gilbert chevauchant de son côté celui de l’expert. Ici, il·elle·s ont choisi de traiter les sept péchés capitaux.
Protocole : Alors que Gilbert se lance, dans une improvisation théâtrale dont il a le secret, sur chaque sujet ; après avoir déposé au sol une citation faisant référence au péché mis en jeu, Danièle l’emballe fermement avec du film étirable jusqu’à l’empêcher de se mouvoir puis le libère quelques minutes après à l’aide d’une grande paire de ciseaux.

Marc Plancéon et Marie Martel, “Ronins” :
Deux personnages faisant penser aux samouraïs itinérants du Moyen-Âge en Asie, errent dans l’aire de jeu des performeur·euse·s du Générateur, traversant leur performance dans un tempo extrêmement lent, ratant forcement les rendez-vous physique avec ceux·elles-ci du fait de leur lenteur, il·elle·s provoquent ainsi une rencontre ailleurs , décalant le temps. Muet·te·s, il·elles·s ponctueront la performance de sons gongs et hang et autres cloches et lanceront autres signaux à l’aide de drapeaux à l’effigie de fleurs.

Ariane Zarmanti, Le monde à l’envers :
Le visage badigeonné de maquillage noir, à l’exception du menton et de la bouche, laissés en blanc, et qui font à l’envers comme un petit visage grimaçant à l’envers. Pour le voir, il faut que le corps soit toujours au sol, si bien que la performance se fait le dos collé au sol, et glissant avec les jambes en traction arrière, comme une sorte de cancrelat humain inversé. Les jambes sont parfois aussi posées sur une chaise blanche, et la pancarte « Le monde à l’envers » est collée dessus. Un monologue tragique (Hermione dans Andromaque de Racine) est dit à un moment donné par cet être de bande dessinée grotesque. Au contact du public et des autres performeurs : Ariane a grimpé sur le corps de Jean-François Rey qui était enveloppé nu dans du film plastique. Résonance inattendue et involontaire avec la polémique sur les blackfaces qui courait alors dans les médias. En fait, elle n’avait pas cherché à maquiller sa peau en noir, mais plutôt à abstraire des morceaux du visage pour mettre en valeur le petit visage à l’envers du sien. C’est ce petit visage blanc renfrogné qui apparaissait, pas ses traits recouverts de noir.

Cyril Leclerc :
Installé dans le hall du Générateur, Cyril Leclerc propose un concert-performance à l’aide de boîte sonore home-made.