Le solstice d’hiver est un des rites païens les plus importants de l’année. C’est une fête de paix et de renaissance. Elle se situe au point le plus bas des énergies solaires avant une remontée de la lumière. Pour fêter ce passage, nous nous rassemblons et allumons des feux intérieurs aux cœur des heures les plus sombres. Nos cœurs battent et nos yeux brillent. Nous faisons alliance avec les énergies enfouies de la Terre. Le Corps collectif s’accorde au rythme des saisons et à l’éternel retour de ses métamorphoses. That’s All Right, Mama est une chanson fondatrice du rock’n’roll, musique métissée, porteuse d’idéaux et de protestations. Aujourd’hui, il nous semble important de la porter, c’est une alliance avec la Terre-Mère, afin de renouer collectivement avec sa magie et ses forces de vie.

Cette performance du Corps collectif est le troisième épisode dédié à une série en lien avec le cycle des saisons. La salle du Générateur baigne dans une lumière blanche. Les danseur·ses sont habillés en blanc et argent. Face au public, sur la mélodie de *’l’Hiver* de Vivaldi, les performeur·ses évoluent ensemble, il·elles composent une chorégraphie faite de déplacements simples et fluides ou groupés. Plusieurs danseur·ses s’allongent au sol en position fœtale et leurs partenaires les recouvrent de terre. Chaque performeur·se a bientôt un tas de terre dévolu ; chacun s’emploie à le recomposer pour le détruire ensuite. La terre recouvre bientôt le sol uniformément. Au son du morceau That’s all right mama* d’Elvis Presley, les danseur·ses se lancent chacun leur tour sur le devant de la scène et se laissent aller au rythme de la musique. Puis un thème de Vivaldi entraîne les performeur·ses dans une nouvelle action : ils réunissent la terre à un seul endroit du planteau pour y planter une haute branche nue. Ils·elles couvrent la terre et les branches d’oranges. Ils·elles dansent alors autour de l’arbre et reprennent peu à peu une danse collective. Les corps se connectent et se répondent toujours plus entre eux. Enfin, les performeur·ses, nu·es, retournent au centre de la salle et se recouvrent de terre les uns les autres. Les artistes se figent peu à peu et forment un tableau final très plastique ; la lumière s’éteint.

Nadia Vadori-Gauthier réalise la Minute de danse #1438.