Show your [ frasq ] est un moment collectif de performances présenté chaque trimestre depuis 2018. Une occasion pour un groupe d’une vingtaine d’artistes d’exprimer un besoin de faire jeux ensemble, une envie d’en découdre avec la notion d’auteur et d’artiste, comme avec les codes de la représentation. Les performeur·euse·s proposent le temps d’une soirée, une forme d’exposition vivante, un biotope singulier qui n’a ni dessein intelligent, ni chef d’orchestre. Le public est happé dans un chaos créateur fait de frictions et de complexités qui s’entrechoquent.
La particularité de Show your [ frasq ] tient également à la simplicité de ses modalités de production. Après une réunion trois semaines avant, les artistes se retrouvent le jour de l’événement dans l’espace du Générateur. Une fois le public présent, sans déroulé ni ordre de passage, les performeur·euse·s se lancent et proposent deux heures d’actions, de gestes, de textes et de poésie. Aucune thématique n’est imposée aux artistes, seules quelques contraintes spatiales et/ou temporelles bousculent la musicalité générale de l’événement qui s’invente au fur et à mesure collectivement.

Christine Coste et Catherine Ursin, « Souffles, Métamorphose #6 » :
Un binôme de plasticiennes : Christine Coste et Catherine Ursin, une petite blonde et une grande brune. Corps sen-suels, oblitérés, dilatés, animalisés ou chosifiés, les performeuses jouent avec les matières (terre solide ou liquide, bâches, fils, fourrure), avec des accessoires (talons aiguilles, robes, tondeuses, valises, hachoir) et avec leurs souffles. Souvent les visages se cachent comme pour mieux traduire la nature de ces créatures mues par la métamorphose, la rencontre, la recherche d’identité, l’émancipation. Des thèmes qui s’hybrident : la féminité, la virilité, la sexualité, l’animalité, l’humanité.

Yassine Boussaadoun
1-Le temps des beaux discours : Utilisation du pupitre autoporté et de la couronne de guirlande verte et blanc Haïtienne (fabriquer en atelier). « S’obliger à parler avec le contenu d’un verre d’eau dans la bouche. » (Je me souviens encore des jets d’eau puissants que provoqué ma bouche, en aurait dit un cétacé).
Temps estimé à 5-7min
2-L’homme qui ne baisse pas les bras : Technique mixte 196x100x45 cm (2020). La cravate d’énouée légèrement, sac sur le dos. Accessoires au sol, 2 lumières blanches à pile, une couronne de guirlande verte et blanche Haïtienne, une planche de bois avec de faux micros, un sac de la marque Tati, un plateau, un petit pot en plastique (non identifié) et une plaque de l’intitulé de la performance. Un jour au plus bas moralement, Sandrine Lehagre m’a dit : « Yassine faut pas baisser les bras », « Ne pas baisser les bras ».
Temps estimé à 30-40min; Temps réalisé à 1h40min.

Deed Julius :
Vêtu d’une combinaison argentée, il arrive dans l’espace du Générateur sur une gyroroue. Il s’emploie à fabriquer sa propre slime rose à partir de maïzena et de concentré de framboise. Dans une seconde action, il se met à gonfler et dégonfler un pied de mannequin gonflable argenté. Il se déverse la slime sur la tête et déambule dans l’espace.

Ariane Zarmanti, La meute amie :
Il y avait déjà eu de vrais chiens dans Show your frasq. Ici, il s’agissait d’attraper quelque chose de leur présence au monde, leur être-là-qui-vive, sans pour autant « jouer » le chien. Dénicher le chien en soi. Un travail notamment sur la queue (restituée avec la main), et ses divers états émotionnels, un autre sur le regard alerte, enfin, un dernier sur la peau-poils, avec des paquets de cheveux coupés, qu’Ariane Zarmanti collait sur sa jambe, et qui donnait une fourrure, qu’elle laissait caresser aux passants.

Sonia Codhant, Jena-François Rey, LA FRANCE TRANQUILLE :
Lors d’une interview en direct dont le duo Danièle et Gilbert de la Qualité est coutumier, il s’agit pour le spécialiste multi-tâches qu’IL est de placer dans les réponses aux questions fondamentales qu’ELLE pose, des phrases absurdes élaborées à partir des mots épars confiés par le public à son arrivée.
Protocole : Il est demandé au public à son entrée au Générateur d’énoncer au choix un nom, un verbe, un complément de temps ou de lieu. Avant chaque direct-antenne (mode opératoire régulier du duo), Danièle crée un lien visuel entre certains des « éléments de langage » affichés. Chaque spectateur·rice peut ainsi repérer sa contribution. Gilbert est chargé de répondre avec aplomb à une des abyssales questions de Danièle en glissant dans son discours la phrase dénuée de sens qu’elle vient de composer visuellement.
Direction de la recherche : Improviser avec les mots du public sur des thèmes prédéterminés.

Claire Faugouin, Fata Morgana