“Abri-Trou est un espace gonflable géant de 500 M2. Cette production est la prolongation d’un projet de sculptures organiques inorganiques couleur chair à activer par le corps « Mitsi ». Durant dix ans, cet objet plastique transitionnel engageant le corps dans l’espace a été l’objet de multiples projets. Naturellement est apparu le désir d’élargir cette « peau » à l’échelle de l’espace et d’offrir la possibilité aux personnes qui le pénètrent de s’y inventer. Abri-Trou se manifeste comme un vaste corps. Sur un fil entre espace concret et imaginaire, l’espace offre son sein à l’exploration et à la métamorphose. Il peut avoir le statut d’espace plastique à parcourir par le public et / ou peut être colonisé par des propositions telles que des concerts, des performances ou encore des installations.
En tant qu’espace à investir, il est doté d’un manifeste qui définit son champ de possibles et de contraintes. Ce manifeste est une invitation à imaginer des dispositifs adaptés à chaque contexte.
Les mouvements qui dessinent les courbes et les nécessités de l’existence d’Abri Trou puisent dans une pensée poétique qui, dans la pratique, s’avère être un geste politique.”
Élizabeth Saint-Jalmes

Pendant cinq journées d’activation, en pleine crise du coronavirus, Élizabeth Saint-Jalmes propose une respiration au public en activant son installation performative et poétique : Abri-Trou. Au cours de cette exposition, Élizabeth Saint-Jalmes invite le public à prendre part à des protocoles performatifs originaux, sortes de chimères poétiques de gestes de soin nourris par la nécessité d’inventer des manières d’être au monde. À travers l’expérimentation de ces objets poétiques, Élizabeth Saint-Jalmes propose une critique des héritages culturels et mise sur la performativité de l’esprit humain. Le thème du soin, transversal dans toute sa recherche, traverse l’ensemble des propositions du week-end « Curoscope ». Qu’il s’agisse d’œuvres produites lors de résidences de création partagée ou de jeux à jouer à plusieurs, des formes d’action permettent le « faire ensemble » qui constitue le fil rouge de tout l’événement Abri Trou #2.

Une fois entré dans l’installation gonflable, poétique et monumentale Abri-Trou #2, le public est invité à participer à dix PPCU (Protocole Précaire de Création Urgente).
1/ Brigades Techno : ce PPCPU pose la question de ce qui fait « fête ». Le public est invité à danser sur un set de techno live des deux musiciens DISCORD & LE CRABE. Il écoute également des textes engagés par et avec des artistes complices. Musiques et textes : Corinne Morel Darleux - Eric Cordier - Jean-Luc Guionnet - Cyril Leclerc - Mariele Baraziol - Julien Frégé – Hélène Crouzillat - Morgane Le Faou - Sébastien Roux - Joan Eche - Elizabeth Saint-Jalmes
2/ La chose du cosmos, performance de Cyril Leclerc : Cyril Leclerc propose une immersion plastique et sonore contemplative. Accroché au plafond de l’Abri-Trou, le public observe le mouvement d’une feuille transparente qui fait se réfléchir la trichromie sur les parois de l’installation.
3/ Fantômes morts ou vifs ? : Cette performance est un projet de la chorégraphe Blandine Pinon dans lequel se rencontrent son écriture chorégraphique et l’univers plastique d’Elizabeth Saint-Jalmes. Dans l’installation, les deux artistes jouent à adapter et à distordre ce avec quoi elles arrivent.
4/ Tactilographie : un jeu qui propose au public de manipuler les «Bien en mains», petites sculptures en faïence émaillée à utiliser comme des objets relationnels. Ces petites sculptures sont des objets de massage ergonomiques autant pour le·la masseur·euse que pour le·la massé·e.
5/ Performatologie : un jeu de cartes créé à partir d’une série de soixante dessins intitulés les «Orgasmes crus». Le verso de chaque carte comporte des mots relatifs aux gestes mis en oeuvre lors de la réalisation du dessin qui figure à son recto. Ces cartes peuvent être manipulées via trois jeux dans lesquels le public est invité à réinvestir ces gestes dans d’autres pratiques.
6/ Manipulable : Elizabeth Saint-Jalmes cherche ici à donner au dessin le statut de sculpture, à l’échelle de l’espace. Elle s’inspire de ses palettes en noir et blanc, découpe un rouleau de tapis de danse noir et regarde ce qui advient. Elle propose aux visiteur·euse·s d’avoir une action sur les objets en les agençant à leur guise pour moduler l’espace du sol d’Abri-Trou, et s’y allonger.
7/ Masquanima : l’artiste profite du «masque obligatoire» pour déjouer la reconnaissance faciale et carnavaliser l’ordinaire. Elle en profite pour créer une oeuvre chamanique en chargeant le masque de la puissance d’un animal.
8/ Zooperforapie : un jeu de cartes qui prescrit des comportements animaux à performer pour résoudre des problèmes dus à une manière trop anthropocentrée d’être au monde. Le dessin au verso du jeu de carte compose un puzzle géant que le public est invité à reconstituer dans l’espace.
9/ Barbotine : “Décider que la seule pièce exposée sera une jardinière sur mesure pour la plante de ma chambre, ma première céramique. Trouver un·e céramiste assez curieux pour ne pas me décourager.” Elizabeth Saint-Jalmes
10/ Front Jaune : L’idée du PPCPU FRONT JAUNE est de fabriquer une série de costumes avec un groupe de personnes par une mise en commun des ressources. L’artiste agence et coordonne, œuvre en tant que cheffe d’orchestre et de pédagogue. Il n’y a pas de hiérarchie, ni des savoirs, ni des productions. Les costumes sont réalisés en jaune social, comme si la filiation du mouvement des gilets jaunes était acquise et qu’on décidait à notre tour de créer des formes d’action qui mettent en œuvre des faire ensemble, des fonctionnement, des praxis démocratiques. Les costumes modulaires à danser produits sont utilisés et proposés au public pendant l’Abri-Trou #2.

À noter, que cette oeuvre gonflable monumentale a occupé l’espace du Générateur à plusieurs reprises et occasions. Une première étape avait été présentée en 2019 (Abri-Trou #1) et a été redéployée en janvier 2022 (Abri-Trou #3) et pour l’exposition de céramique “Se planter-là” en novembre 2022.