« Il fait nuit, Érostrate en fièvre, une torche à la main, devant le temple d’Artémis, s’avance…»
Revivez les dernières minutes de l’homme anarchiste et pyromane qui voulait faire connaître son nom, Erostrate, l’homme qui a incendié le temple d’Artémis considéré comme l’une des sept merveilles du monde et dont le nom a été rayé des registres par Damnatio Memoriae.
Caresses du son, du souffle, vibrations, corps à corps invisible avec la flamme, Incendi(r)e, une histoire sans mots, aux frontières du langage, du son, du cri et du souffle. Une performance sensorielle à vivre les yeux bandés, guidé par la voix d’Aurore Laloy et Vincent Hindson au saxophone. L’enjeu étant ici de faire disparaître de la performance le sens de la vue au public.

Le public rentre dans une salle en semi-pénombre et s’installe. On lui propose de s’allonger ou de s’asseoir, de mettre un bandeau sur les yeux, de fermer les yeux et de se détendre. Les visiteurs commencent alors à entendre un souffle crescendo, puis deux souffles, puis la voix et le saxophone.
De minuscules bruits, craquements de brindilles et d’allumettes participent à la création d’une ambiance sonore tout en délicatesse. La voix, le chant d’Aurore Laloy se mêle au saxophone de Vincent Hindson. Il·elles se tiennent séparé·es par deux halos de lumière qui laissent dans la pénombre des spectateur·rices. Souvent le saxophoniste joue sans émettre de note, et travaille et éprouve les limites physiques de son instrument. Ensemble, ils font varier le tempo, l’intensité, la tessiture de leurs inspirations et expirations ; elle murmure, gémit, crie, émet des sons rocailleux ou grinçants. À certains moments, chant et timbre du saxophone s’élèvent dans de longues notes ponctuées par les rires d’Aurore Laloy. La performance s’achève sur le récit de l’acte d’Érostrate.