Show your [ frasq ] est un moment collectif de performances présenté chaque trimestre depuis 2018. Une occasion pour un groupe d’une vingtaine d’artistes d’exprimer un besoin de faire jeux ensemble, une envie d’en découdre avec la notion d’auteur et d’artiste, comme avec les codes de la représentation. Les performeur·euse·s proposent le temps d’une soirée, une forme d’exposition vivante, un biotope singulier qui n’a ni dessein intelligent, ni chef d’orchestre. Le public est happé dans un chaos créateur fait de frictions et de complexités qui s’entrechoquent.
La particularité de Show your [ frasq ] tient également à la simplicité de ses modalités de production. Après une réunion trois semaines avant, les artistes se retrouvent le jour de l’événement dans l’espace du Générateur. Une fois le public présent, sans déroulé ni ordre de passage, les performeur·euse·s se lancent et proposent deux heures d’actions, de gestes, de textes et de poésie. Aucune thématique n’est imposée aux artistes, seules quelques contraintes spatiales et/ou temporelles bousculent la musicalité générale de l’événement qui s’invente au fur et à mesure collectivement.

Les artistes préparent leurs espaces ou leurs costumes lorsque le public arrive pour s’asseoir face à eux sur des chaises éparpillées. Tout le long de la soirée, une caméra est manipulée notamment par David Noir qui filme en direct ce Show Your Frasq projetés sur l’un des murs en direct. La tonalité de la musique fait évoluer les actes de chacuns alliant des parties calmes à des moments d’expression où le micro se passe de main en main. Au milieu de la soirée, on demande au public de se lever pour qu’il·elle se déplace dans l‘espace. Petit à petit les matériaux et les matières sont déchirés, déchiquetés, étirés, volés ou empruntés. Tout se réunit, s’éparpille mais surtout se mélange. L’événement a été retransmission en streaming sur la chaîne YouTube du Générateur.

David Noir déroule un fil dans l’espace avant de finir nu et d’enfiler son costume : des lunettes et une combinaison de spiderman qu’il enfile bout par bout au fur et à mesure de la soirée.

Deed Julius réalise une installation avec des boléros à paillettes, des ours blancs en peluche et une tête de mort qui s’enfume avant de se mettre en costume. Au cours de la soirée, il s’assoit au centre de son décor pour manger une banane, enfile une fausse bouche en plastique pour parler au micro des critiques de la performance puis lire un extrait de l’Anti-oedipe de Gilles Deleuze. Les éléments de son installation ayant été empruntés ou cachés par d’autres ou lui-même, il revêt le gazon artificiel de son installation telle une cape.

Christine Coste et Violaine Joffart, habillées de pantalons corail et de t-shirts “PdT”, déplacent des pommes de terre accrochées à des ficelles. Avec leur bouche, elles traînent des sacs de pommes de terre au sol. Aidées par Sofia El Mokhtar, elles enfoncent des allumettes dans ces tubercules pour en faire des bonhommes. Christine en tranche ensuite certaines à la hache. Plus tard, elles attachent des pommes de terre à leur ceinture avec des ficelles rouges. Une patate en équilibre sur leur tête, elles marchent lentement dans l’espace. En tenant des pommes de terre tamponnées avec la tête de Macron, elles créent une chorégraphie. Puis, elles les épluchent et invitent le public à les aider.

Ariel Py traîne une valise dans l’espace et porte des cartons sous le bras. Petit à petit, elle transforme ces cartons en costumes qu’elle porte et qu’elle fait essayer aux autres artistes. Ensuite, elle crée une sculpture en empilant, scotchant et décorant ces éléments, qu’elle finit par déplacer, traîner et détruire.

Ariane Zarmanti en collant noir, k-way et blouse d’hôpital bleue pousse un sac devant elle dont elle sort du maquillage. Elle se maquille et dessine sur son visage des coups et des bleus. Elle parle entre-autres de son pass sanitaire, d’endométriose, de clitoris excisé, de voile et de vasectomie. Elle joue avec les bâches en plastique qu’elle perce et déchire pour s’en faire un nid.

Thalia Pigier s’empare à plusieurs moments du micro pour raconter des histoires comme celle de la girafomania. Sous forme de petits sketchs de stand-up, elle enrichit parfois ses récits avec la complicité et les mots de Mickaël Berdugo.

Sonia Codhant et Gilbert de la qualité : A partir d’une liste de verbes, de sujets, de lieux et de temps, il·elles proposent un jeu aux spectateurs. Le public est invité à proposer une question et une réponse contenant un mot de chaque liste qui doit comprendre le sujet, verbe complément de lieu et de temps donné. Tel un politicien en pleine campagne, Gilbert de la qualité, improvise un meeting télévisé.

Margot Blanc : Avec un chapeau d’aventurier, un masque de Venise banc, une tunique zébrée et léopard, la performeuse, dans une forme de concentration intérieur, joue avec ce qui l’entoure : les objets, l’espace et les artistes.

Claire Faugouin : Déguisée en clown, elle prend des notes, pleure, masse des spectateur·ices au sol, échange avec les autres performeur.euses et mime les gestes de Thalia Pigier. Sur l’air “we will rock you”, elle improvise une chorégraphie avec Thalia et Mickael. A la fin de la soirée, pour recruter des clowns supplémentaires, elle distribue des nez rouges. Elle propose à ce groupe un cours de danse qui se transforme en un flash mob.

Vincent Pavageau : Avec la voix d’un reporter documentaire ou d’un journaliste radio, Vincent Pavageau lit ce qu’il a écrit au fur et à mesure de la soirée sur ce qu’il a vu en direct. Sa lecture se termine lorsqu’il n’a plus de papier.

Sophia El Mokhtar : En robe dorée, La Bambina danse au milieu des autres artistes et du public, pendant les deux heures de Show Your Frasq.

Elizabeth Saint-Jalmes, vêtue d’une robe rose et d’une perruque en forme de caca, incarne une merdologue (psychologue de la merdoscopie). Via cette performance, elle interroge le public, dans les toilettes et dans la salle le public. “Suivant l’aspect de votre merde, je vous dirais qui vous êtes !”

Mickaël Berdugo improvise des poèmes en fonction de ce qui se déroule autour de lui et des interactions qui peuvent surgir avec les autres artistes.